Morceaux choisis en images du résultat de la numérisation (je n'ai d'ailleurs toujours pas trouvé de terme plus approprié pour décrire le processus) des quelques 850 disquettes que j'ai eu dernièrement entre les mains. Et je dois avouer qu'à ma grande surprise, il y avait beaucoup de choses intéressantes et qualifiées pour rejoindre les différentes galeries de ce site. Ce ne sont en effet pas moins de 180 nouveaux screenshots qui ont été ajoutés ce jour ! Preuve s'il en est, qu'il reste encore sans doute beaucoup de pépites qui dorment au fond des greniers ou des caves. J'en profite d'ailleurs pour lancer un appel : ami Appleumamiac de la première heure, s'il te reste des disquettes qui croupissent sous une pile de vieux Playboy dans un garde-meuble au fin fond de la Creuse, contacte-moi. Il nous faut absolument sauver ces fleurons de notre jeunesse avant leur désintégration totale (je parle des disquettes, pas des Playboy. Eux, ils sont déjà sauvés !).
On commence tout de suite par le Fixed Games #6 de l'infatigable Patchman. Avant de rejoindre le Brain Trust, Patchman avait déjà une activité dense sur la scène Apple II française, notamment avec cette série de compilations de jeux, cheatés par ses soins (et quelques autres grands noms de l'époque). Comme toujours avec lui, tout est propre et soigné ! Même si la fameuse police "gothique", de tout temps très prisée par les piratins, reste une belle agression pour les rétines ! À noter que les épisodes #7 et #8 de cette grande série ne sont toujours pas réapparus à ce jour.
On continue par un Captain Goodnight (incontournable de l'époque) signé Apple Chemical Software. C'est la première fois que je rencontre cette version datant de 1986 crackée par The Gog's, avec le soutien de Deny et The Silicon-Man. Vu la qualité du titre et la renommée du groupe, c'est sans conteste une pièce de choix qui méritait d'être mise en avant !
Autre rareté, un Conan (avec écran de présentation home made), distribuée par Elemental Powers regroupant notamment Aelgor et Pat Paddle. Le jeu a été cracké par un certain Maedhros (inconnu au bataillon jusqu'ici). Conan est, lui aussi, un des jeux que l'on retrouve systématiquement dans toute collection. La plupart du temps, en France, c'est une version sans signature que l'on rencontre. Parfois, on a la surprise de tomber sur la version Pacific Pirate's Guild (qui semblait être le Conan largement diffusé aux USA). À signaler sur la présente version, la présence de The Necromancer, crédité pour la présentation. Pseudo bien connu de l'autre côté de l'Atlantique, est-ce ici juste un homonyme ou bien la même personne (laissant alors penser que le jeu est bien un import cracké aux US).
On reste dans le domaine de la (grande) distribution avec plusieurs jeux sur lesquels le très médiatique Godfather s'est fait un peu de place pour ajouter son pseudo sur les écrans de présentation et signaler au reste du monde que la disquette avait transité du côté de Versailles. Ici, c'est le Silent Service cracké par Lot qui y passe. Numéro 6 et The Mad Mechanic en font notamment les frais, leurs noms disparaissant de la page d'intro. Bien entendu, on ne peut parler ici de défaceur, Godfather ne s'appropriant pas le crack du jeu en lui-même. Ce qui sera loin d'être le cas d'autres personnes.
Car dans la grande saga des défaceurs ayant officié sur Apple II, ce lot de disquettes a été l'occasion d'en découvrir de nouveaux, avec notamment le groupe Black Crack Band (à ne pas confondre avec le Binary Crack Band, premier groupe du célèbre Chip Select) ou même Black Bag (groupe US de grande renommée également). Non, ici nous avons à faire à un quatuor s'étant visiblement amusé à marquer tout ce qui lui passait entre les mains, comme par exemple le logiciel de dessin de Baudville, Blazing Paddles (un grand classique aussi). Bien sûr la présomption d'innocence existe...
...même pour les défaceurs. Mais quand on tombe dans la foulée sur ce genre d'écran, alors plus aucun doute n'est permis. Autant ici un petit "distributed by" aurait pu être tout à fait anodin, autant un "cracked" n'a absolument aucun sens car, comme chacun sait, les jeux Froggy (Même les Pommes de Terre ont des Yeux dans le cas présent) n'étaient pas protégés. Ayant rencontré une bonne demi-douzaine de programmes marqués au fer rouge par le Black Crack Band, ce groupe méritait bien sa place dans notre petite rubrique !
Et puisqu'on parle de défaceurs, spéciale dédicace évidemment au Krack Games Band. Je ne crois pas avoir encore rencontré un seul lot important de jeux dans lequel il n'y avait pas au moins un soft assasigné par leur soin. Ce qui veut tout simplement dire que le KGB (tout comme le Marseille Association of Crackers de Wilky d'ailleurs) était largement diffusé un peu partout en France.
Et pour en terminer avec cette grande tradition française, un petit clin d'œil ici à un certain Tristan CZN qui lui aussi y allait de sa petite signature un peu partout. De façon plus ou moins ambiguë d'ailleurs (le "une sélection" reste gentillet même si le nom du cracker a bel et bien disparu). Quant à l'ami Tristan CZN, je pense que certains auront certainement deviné de qui il s'agissait... Comme quoi, défacer mène à tout.
Sans transition et pour en revenir aux groupes sérieux, à signaler une version de Prince of Persia signée The Brain Trust (époque "plus grand monde", à savoir composé uniquement de Copperfield et The Jokersoft). Contrairement à la version US diffusée - sur fond de polémique - par HackerForce, la Brain Trust n'occupe que deux faces et ne nécessite qu'un seul drive pour fonctionner. L'ultime testament (ou le testament ultime) d'un grand groupe...
Nous avons commencé notre revue avec le screenshot du Copy Disk signé Association of Broadcasting Crackers, où officiaient notamment Chip Select (après le Binary Crack Band), Eric IRQ et The Wildman. Le disque de copieurs (comme certains l’appelleront même directement...), lui aussi, a toujours été une grande tradition de la scène française. Chacun y allait de sa petite compilation des softs les plus célèbres dans leur genre (Locksmith, Diskfixer, Nibbles Away, EDD). Il n'était d'ailleurs pas rare de reprendre le boulot des autres à son propre compte, le but étant surtout d'en proposer le plus possible, le tout bien évidemment lancé par un FastBoot (lui aussi pompé la plupart du temps) et présenté par une image qui en jette. Nous terminons donc avec le Copy Disk d'un certain Pat The Crac qui, vous en conviendrez, prend plutôt à contre-pied l'imagerie classique orientée "tête de mort", très en vogue sur la scène . Preuve que l'on trouvait de tout sur Apple II... Pour la petite histoire, l'image originelle est issue du programme Strip Poker (version pour femme, et oui messieurs !), visible sur le site de Jean-Marc.
Vous retrouverez toutes ces images (et beaucoup d'autres) dans les galeries French Autographs et Productions Underground que je vous invite chaleureusement à parcourir...
envoyé le 14-05-2013 à 19 h 07 min
Youpi ! Congratulations !
toto
envoyé le 15-05-2013 à 17 h 06 min
C’est vrai que c’est une très belle collection d’écrans !
Finalement, ce sont les cracks USA qu’on a jamais vu ici, vu que le marché était squatté (et protégé) par les frenchis !
envoyé le 15-05-2013 à 23 h 43 min
Page 5 du manuel de « même les pommes de terre ont des yeux » : « dispositif anti-piratage : aucun ! »
Trop fort le BCB 🙁
toto
envoyé le 17-06-2014 à 15 h 24 min
c’est pas tout a fait vrai, je me rapelle que la bête du gévaudan, jeux français, était bien plus protégé que les jeux d’Electronic Arts à l’époque. Tu pouvais les copier, mais si tu jouais au bout d’un certain temps tu découvrais que le jeu ne marchait pas… Très vicieux.
envoyé le 16-05-2013 à 9 h 44 min
L’article est un peu moqueur vis à vis des défaceurs, mais quand on voit leur nombre, ils avaient une place à part entière sur la scène de l’époque. Des groupes comme le KGB ou les PAC/MAC faisaient vraiment office de distributeurs à grande échelle des softs et dispatchaient visiblement aux quatre coins (devrais-je dire six ?!) de la France.
De plus, je reste persuadé que bien souvent, le premier contact avec la bidouille (au sens large) sur Apple II s’est fait par ce biais. Qui n’a jamais utilisé un éditeur de secteurs pour aller tripatouiller dans une disquette « juste » pour essayer de voir où se trouvait le nom du cracker ? Certaines vocations sont nées de ces folles nuits !
Et pour rebondir sur ce que disait Olivier plus haut, vu la quantité des productions underground françaises, et le nombre de crackers made in France – ou francophones,n’oublions pas certain(s) suisse(s) bien connu(s) – il est clair que les Frenchies n’avaient rien à envier aux américains. D’ailleurs, je me demande si en terme de parc de machines installées par rapport aux activités de leur propriétaires, la scène Apple II française n’était tout simplement pas la plus active au monde !
envoyé le 17-02-2014 à 23 h 31 min
Merci de me rappeler ma folle jeunesse.
A l’époque j’avais un Apple II pirate construit par un français et j’étais fan de call -151, de Reset, de désassemblage et de scan de diskettes.
Si seulement les ordinateurs d’aujourd’hui pouvaient être aussi ouverts qu’à l’époque !
Nostalgie de la bidouille adolescente quand tu nous tiens 🙂
envoyé le 17-06-2014 à 14 h 38 min
de grands souvenirs de nuits blanche adolescentes…
envoyé le 17-06-2014 à 15 h 00 min
INCROYABLE, je viens de voir dans la galerie une photo numerique que nous nous étions faits je crois dans le magasin hachette du bd saint michel, Paris, en 1984 ou 1985!!!! Nous l’avons utilisé qq fois pour signer nos cracks. Cette photo je ne l’avais plus, et je la retrouve grace à ton travail de fourmi! Un gran merci!
Un détail: tu n’as pas cité les plus grands des « déplombeurs »: le Clean Crack Band (aldo reset, tony nmi, Laurent Rueil), qui ont été les précurseurs et inspirateurs de tous ceux que tu cites.
envoyé le 17-06-2014 à 20 h 56 min
C’est un plaisir et un honneur de te voir laisser un message sur mon – modeste – site. Merci !
Pour remettre dans le contexte, j’ai écrit cet article suite à la numérisation (passage en images-disque utilisables sous émulateur) d’un lot de disquettes 5.25 pour Apple II.
Il ne devait pas y avoir parmi elles de cracks provenant d’Aldo Reset et cie. En fait je n’ai parlé que des disques un peu différents et surprenants récupérés.
Si tu jettes un œil aux différentes galeries du site, tu verras qu’Aldo, Laurent Rueil et Tony NMI ne sont pas oubliés, loin de là.
D’ailleurs, tous ceux connaissant un peu (de près ou de loin) la « scène » Apple II de l’époque, sait tout ce qu’à pu apporter le CCB.
Comme tu l’as si bien dit, c’était effectivement des précurseurs en France (et ailleurs).